nazisme et judéïté

nazisme et judéïté     Modifier

Bonjour,

 

Les questions soulevées à propos de la fameuse lettre de notre ami Serge Grossvak ont reçu un début de réponse à travers l'excellente contribution de Jean-François.

 

Mais, j'émets l'hypothèse qu'il est possible d'aller plus loin. A vous de me dire si j'ai raison.

 

En effet, JF développe deux arguments :

1) Le souvenir du génocide est un enjeu politique ;

2) Ceci ouvre la possibilité à Israël de manipuler ce souvenir au profit de sa politique.

 

Il reste, cependant, à comprendre pourquoi (et ce n'est pas diminuer les mérites de JF d'énoncer cela) ce qiui constitue des évidences a échappé à des personnes d'aussi bonne foi qu'Olivier Gebuhrer et Julien Hirszowski. A cela JF n'apporte aucune réponse.

 

PREALABLES

 

Il faut prendre en compte ce qu'il faut bien appeler la psychologie sociale des juifs d'aujourd'hui, notion qu'on ne saurait confondre avec celle d'une quelconque nation juive.

Remarquons, que nous touchons là au (faux) problème soulevé par S. Sand dans son si remarqué dernier ouvrage. Que le peuple juif soit une notion construite a posterirori est bien certain. Mais cela n'empèche qu'il existe une psychologie sociale juive d'aujourd'hui fruit des strates d'évènements passés, réels ou mythiques, réinterprétés au gré des évènements actuels. Et le point important est que cette psychologie sociale donne lieu à des clivages qui ne sont pas toujours les mêmes que les clivages politiques.

Ce serait passer à côté d'une explication sérieuse de la difficulté qu'a à s'imposer parmi les juifs le mouvement de solidarité avec les droits des palestiniens (j'ai bien dit les droits des palestiniens et non les palestinens) que de refuser d'entrer dans cette problématique, celle de la difficulté pour les juifs à se concevoir autrement qu'innocents.

 

A) Un raisonnement qui aurait du s'imposer à tous et qui n'y est pas parvenu

 

1) Au fond, le raisonnement de Serge était d'une grande simplicité et ne posait aucun problème de compréhension :

 

a) l'expérience nazie a été douloureuse pour la famille de Serge ;

b) cela amène à une réflexion éthique ;

c) au nom de cette dernière il est du devoir d'un juif :

- de réprouver la politique d'Israël ;

- d'agir en faveur du boycott.

Il faut comprendre que ceci implique que le mal nazi peut avoir une conséquence positive : le respect des droits des palestiniens.

 

2) En fait, la perception du message de Serge est passée par l'interprétation suivante :

 

a) le crime nazi est l'essence du mal ;

b) les juifs qui en ont été victimes ne peuvent vouloir ce mal ;

c) étant étrangers à ce mal, son évocation est inutile sauf si :

- on assimile nazisme et politique d'Israël ;

- on est possédé par la haine d'Israël.

Il faut comprendre que ceci implique qu'il n'y a rien de commun entre Israël et le nazisme.

 

B) D'ou vient l'obstacle à l'acceptation du raisonnement grossvakien ?

 

1) L'idéologie séculaire de l'antisémitisme a fait de la judéïté l'essence du mal :

- En Alsace, dès le Moyen Age et contre l'avis de l'Eglise, les juifs ont été accusés de percer secrètement les hosties catholiques afin de les rendre impropre au culte ce qui était l'essence même du mal puisqu'on s'attaquait ainsi au corps symbolique du Christ, c'est à dire à Dieu même ;

- Le protocole des sages de Sion accuse les juifs de désirer tuer des enfants donc des innocents ce qui est la perversion suprème ;

Bref,  les juifs étaient considérés comme animés par le mal absolu.

 

Brève remarque incidente : le brave Jean Paul II, en remplaçant juif par communiste, a fait le même raisonnement : le communisme est intrinséquement pervers.

 

2) Il est donc devenu très important aux yeux de certains de ceux qui luttent contre l'antisémitisme d'affirmer au contraire que les juifs représentent le bien absolu.

 

a) dans ces conditions impossible d'admettre qu'il y a quoique ce soit de positif à tirer du nazisme pour les juifs.

b) on est passé du constat selon lequel il n'est pas acceptable que les juifs soient le mal absolu à l'affirmation selon laquelle il est impossible d'avoir une réflexion éthique prenant pour base le fait nazi pour en tirer quelque chose de positif en faveur des palestiniens.

 

Finalement :

- les juifs sont le bien absolu ;

- les nazis sont le mal absolu.

Tout rapprochement entre les deux doit être prohibé.

 

C'est évidemment oublier que les uns et les autres sont des être humains. Qu'aucun n'est voué à être éternellement du côté du bien ou du mal même si le mal nazi est d'une nature différente du mal israélien.

 

Merci pour l'attention que vous m'aurez prétée.

 

Amitiés. 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :